Comment les jukebox ont changé le monde
Nul besoin d’être un historien de la musique pour reconnaître la silhouette typique du jukebox. Ses couleurs vives, son timbre si particulier et son design intemporel expliquent en partie son éternelle popularité.
Bien que nous possédions aujourd’hui des lecteurs de musique suffisamment petits pour tenir dans nos poches, nous pouvons affirmer haut et fort que le jukebox ne mourra jamais. Et ce pour une bonne raison : en tant que véritable symbole culturel, les jukeboxes possèdent une histoire de plus d’un siècle. Jetons un œil à cette formidable épopée ainsi qu’au présent de ces appareils immortels.
Premières années : De 1870 aux années 1910
Vous ne serez peut-être pas surpris d’apprendre que la première dénomination du jukebox était toute autre. Les premiers modèles étaient plutôt appelés gramophones automatiques à pièces. Un peu moins sexy, n’est-ce pas ? Le mot jukebox n’apparu dans les dictionnaires qu’autour des années 1930.
50 ans auparavant, Thomas Edison inventait le phonographe. Celui-ci ne projetait pas un projet particulièrement grand pour sa machine. Sa première idée était de l’utiliser comme aide à la dictée au bureau.
Avançons rapidement jusqu’en 1890. Louis Glass et William S. Arnold améliorent le phonographe de Thomas Edison et le munissent d’un mécanisme à pièces de monnaie.
Il ne possède pas de haut-parleurs. Les clients doivent utiliser l’un des quatre tubes d’écoute pour écouter de la musique. Cette machine a rapporté pas moins de 1 000$ dans ses six premiers mois d’exploitation, ce qui représente énormément d’argent pour l’époque !
La plupart des gramophones à pièces suivants ne peuvent lire qu’un seul disque. Cependant, en 1906, la John Gabel Manufacturing Company produit le premier phonographe automatique à pièces et à réponses multiples, qui permettait aux clients de sélectionner jusqu’à 24 chansons.
En 1918, Hobart C Niblack breveté un appareil capable de changer de disque automatiquement, franchissant ainsi une étape importante dans le développement du jukebox tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Dans les années folles, le jukebox chantait
Ce mécanisme a joué un rôle clé dans la naissance de l’un des premiers jukeboxes sélectifs de l’histoire. Il est directement lié à la naissance de l’Automated Musical Instrument Company, devenue ensuite AMI. Cette société occupera une place centrale dans l’histoire du jukebox.
Dans les années qui suivent, l’introduction de la musique enregistrée électroniquement constitue une autre étape importante dans le développement des jukeboxes. Avec toutes ces nouvelles fonctionnalités, le jukebox est devenu un vecteur majeur de certaines technologies en plein essor à cette époque.
Suite à la grande dépression, un certain David C Rockola s’aventure pour la première fois dans le monde des jukeboxes. Après s’être fait une réputation dans le domaine des flippers et autres appareils similaires, il achète un mécanisme à une de ses connaissances nommée Smythe et le redessine pour en faire la base de sa propre machine.
La Rock-Ola Manufacturing Corporation connaît un succès presque sans précédent, devenant finalement l’un des quatre principaux fabricants de jukebox et rejoignant les rangs de sociétés telles que Wurlitzer, Seeburg et AMI.
Les années 30 voient la démocratisation des jukeboxes en Amérique. C’est d’ailleurs à ce moment qu’apparaît pour la première fois le mot jukebox, bien que son étymologie soit controversée.
Les années 40 : le début de l’âge d’or
Après-guerre, la popularité des jukeboxes augmente encore plus rapidement, et les raisons ne sont pas difficiles à comprendre. Avec ses couleurs vives et ses mélodies intarissables, le jukebox résume parfaitement la joie de vivre, l’excitation et la fête de cette période.
C’est une véritable soif de vivre qui s’exprime après des années d’agitation et de chaos mondial.
Jusqu’au milieu des années 1940, on estime que jusqu’à 3/4 des disques produits aux États-Unis sont lus par des jukebox ! Avec de nouveaux designs révolutionnaires, des couleurs vives et des décorations uniques, les années 1940 sont également marquées par de brillantes innovations.
C’est à cette époque que Rock-Ola lance un système de boîte murale qui peut être combiné avec un jukebox de taille normale.
A l’instar de certaines technologies actuelles, cette nouvelle façon de consommer la musique connaît ses détracteurs, sans toutefois que cela ne freine l’expansion fulgurante du jukebox. Certains parents estiment que la musique swing et le jazz ont une mauvaise influence sur leurs enfants, et c’est tout naturellement qu’ils redirigent une partie de leur colère vers les machines permettant leur écoute.
Les années 50 : l’âge d’or des jukeboxes
Les années 1950 sont généralement considérées comme l’apogée de la popularité des jukeboxes dans le monde entier. Aux États-Unis, presque aucun restaurant ou bar ne semble en manquer.
Ce n’est donc pas un hasard si plusieurs jukebox emblématiques furent conçus au cours de cette décennie.
Par ailleurs, les groupes de musique en direct coûtent cher au contraire des jukeboxes qui sont peu coûteux à exploiter et à entretenir. Ils attirent en même temps un grand nombre de personnes grâce à leurs effets visuels et sonores impressionnants pour l’époque.
L’essor des diners américains a contribué à cultiver l’image super-confortable des jukeboxes dans les années 1950. Leurs tables en formica, leur chrome, leur cuir et leurs enseignes en néon viennent parfaitement compléter l’esthétique des jukeboxes.
Il est alors facile de comprendre pourquoi les modèles Bubbler sont si courants – ils allient beauté et sophistication dans un esprit de liberté. Ils représentent le choix naturel pour la musique dans ces lieux ultra-modernes.
C’est également à cette époque que les jukeboxes ont commencé à voir apparaître certains des designs aujourd’hui mythiques. Ces machines sont devenues plus ornées et raffinées, notamment avec des finitions argentées brillantes, des ailerons arrière et une grille avant chromées.
Ces caractéristiques de conception sont souvent considérées comme un écho du design des voitures populaires contemporaines.
Les années 50 témoignent de progrès considérables. Non seulement le design, mais aussi la technologie des jukeboxes a connu des changements majeurs.
A titre d’exemple, la possibilité d’embarquer 100 titres est devenue la norme, bien loin du choix unique disponible seulement un demi-siècle auparavant !
Le visage moderne du jukebox
La popularité du jukebox a commencé à s’essouffler à partir des années 1970, et même les quatre grandes sociétés historiques ont commencé à réduire leurs activités.
Aujourd’hui, nos lecteurs de musique tiennent dans la paume de nos mains et stockent des milliers de chansons. Mais même avec l’invention de l’iPad et du lecteur MP3, le jukebox Bubbler n’a pas dit son dernier mot. Le Bubbler est devenu un symbole qui définit une époque.
Aujourd’hui, la plupart des anciens fabricants ont complètement fermé leurs portes ou ont survécu grâce à des filiales. Notons que l’entreprise Rock-Ola est aujourd’hui la dernière des grandes marques historiques à encore fabriquer d’authentiques jukeboxes américains.
Loin de déclarer forfait, la marque s’adapte au marché en proposant des jukeboxes modernes. Ces derniers possèdent toute la technologie nécessaire pour lire les formats musicaux actuels. De même, elle n’hésite pas à proposer de nouveaux designs avec de nouvelles versions de ces jukebox emblématiques.
Qui sait ce qui attend cette formidable machine à l’avenir… Pour l’heure, le jukebox continue d’écrire son histoire !